Le témoignage des opérateurs de bilan de compétences

Retranscription de la vidéo

Alex Roucloux : On voit les changements principalement par exemple dans le repositionnement d’une personne au sein de sa structure peut vraiment aider tant la personne que l’organisation dans laquelle elle évolue à retrouver le plaisir au travail, à retrouver l’envie de travailler, de reprendre place dans une équipe, de reprendre, de reprendre place dans un secteur, dans un engagement par rapport à l’organisation qui est un changement.

Véronique Geneste : À un certain moment ils viennent parce qu’ils sont en questionnement, en réflexion parfois en état de mal-être, c’est vrai, par rapport à une situation professionnelle qui les dépassent ou qu’ils ne maitrisent plus et je pense qu’au fur et à mesure du bilan de compétences, ils se rendent compte de leurs richesses. C’est vraiment une population qui est vraiment très, très riche en termes de capacités, de capacités aussi à réfléchir et ça c’est vraiment une plus-value, ils s’en rendent compte par eux-mêmes, ils sont étonnés d’eux-mêmes mais positivement. C’est ça qui est chouette, on les voit vraiment évoluer du début à la fin, il y a une demande, il y a une attente qui n’est plus peut-être celle de la suite mais ils se voient vraiment évolués dans les exercices qu’ils font, dans le travail que l’on fait avec eux et dans tout ce travail de réflexion, aussi, vraiment.

Anne Colmant : On a des personnes qui souvent en début de parcours sont, je ne vais pas dire renfermés mais, qui manquent pour la plupart de confiance en elles par rapport à ce qu’elles savent faire et par rapport à ce qu’elles sont parce que c’est jusque-là. Et je ne peux pas dire que c’est avant/après mais ça se fait je dirais tout le long du processus. Donc on voit véritablement les, les changements, il y en a qui sont plus palpables que d’autres. Par exemple quand on voit une personne lors de la première séance qui est très renfermée ou parfois qui est à la limite du burnout ou des choses comme ça et qui au fur et à mesure du bilan, du processus ben reprend confiance en elle. Je pense à une personne qui était dans ce cas-là, elle voulait quitter son boulot, ça n’allait plus et cetera et à la fin du bilan cette dame est venue lors de la dernière séance en me disant : « Voilà, j’ai négocié ça avec mon conseil d’administration et j’ai obtenu telle et telle chose. » Donc c’est, on n’aurait jamais pu imaginer qu’elle puisse faire ça lors de la première séance.

Laurence Coquerelle : Oui, il y a, il y a une évolution, la personne arrive souvent dans un état un peu difficile donc un questionnement par rapport à une démarche de changement, donc la personne sent que dans sa fonction actuelle, elle ne tient plus donc souvent c’est le terme qu’on utilise : « Je ne tiens plus. » « Je n’en peux plus. » « Si ça continue je vais partir en dépression, en burnout ou ce genre de choses. » Et donc au départ c’est certainement la conforter dans le fait que la démarche va de toute façon avoir une issue qui va lui permettre de sortir d’une impasse, donc reprendre les commandes en fait, je vais dire, de sa vie professionnelle, donc sortir de l’immobilisme et mettre des choses en place qui vont lui permettre d’entamer cette phase de changements où elle sent que finalement il faut changer mais elle ne sait pas comment changer, vers quoi aller. Et donc le bilan de compétences, je pense à la vertu de venir mettre un peu de l’ordre donc dans le questionnement de la personne et après de formaliser le plan d’actions qui permet d’avoir quelque chose de structuré. Non seulement donc les actions à entreprendre mais également une structuration dans le temps.

Anne Colmant : Je pense qu’il y a beaucoup de directions que j’ai rencontré ou autres, de directeurs qui ont très peur et ils me disent : « Oui mais enfin moi j’ai peur que mes travailleurs après partent ou me demandent une compensation salariale ou une valorisation où je ne pourrais pas leur donner. » Et je pense que c’est aussi de la méconnaissance et donc il faut absolument, parce que, finalement, dans les bilans de compétences que j’ai eu jusqu’à aujourd’hui, je pense qu’il n’y a aucune personne même si au départ il y en avait qui disait : « Oui je vais changer de travail, je ne suis pas reconnu et cetera. », et bien la majorité des personnes qui ont fait le bilan de compétences, elles sont restées dans leur poste, elles se sentent beaucoup mieux dans leur poste et elles peuvent négocier beaucoup mieux au niveau travail.

Aurélie Rosenberg : C’est quand même voilà une démarche qui peut faire peur donc, même si, voilà, c’est quand même quelque chose de cadré et voilà, il y a quand-même différentes étapes, mais c’est aussi une remise en question et ça, ça peut aussi, ça peut aussi faire peur. C’est de se dire peut-être :  «  voilà je, je ne suis pas bien dans ma situation professionnelle, mais voilà, que va m’apprendre le bilan de compétences ? Qu’est-ce qu’il va révéler ? » Et peut-être ça peut, ça peut faire peur aux travailleurs.

Nathacha Winners : Il y a un risque, moi je pense que oui, je crois qu’il y a les employeurs, certains employeurs peuvent être frileux parce qu’il y a un risque évidemment que les personnes à se poser des questions aient envie de partir s’il n’y a pas spécialement une bonne ambiance de travail, si les tâches alloués il n’y a pas de possibilité d’évolution dans certaines structures, qu’il y a un mécontentement général dans les équipes, évidemment le risque il est là. Mais en même temps je trouve qu’on pourrait inverser la vapeur et vraiment sensibiliser les employeurs justement au bien fondé de cette démarche et pour l’employeur et pour le travailleur.

Alex Roucloux : Peut-être effectivement il y a certains freins qui sont probablement dû à une méconnaissance du système. Il faut savoir que le système est avant tout conçu pour permettre à une personne de retrouver sa motivation, de retrouver sa place dans le monde du travail aujourd’hui et donc, je fais confiance au temps et à l’information qui va être donner par les structures tel que l’APEF, pour définir exactement en quoi consiste le modèle de permettre à des employeurs d’y trouver un intérêt, il y a beaucoup d’intérêts pour un employeur à parler du bilan de compétences.

Alex Roucloux : Le secteur non-marchand est soumis à, à de nouvelles adaptations par rapport à l’environnement dans lequel nous évoluons. Par exemple nous constatons que d’un secteur non-marchand on va peut-être vers un secteur à profit social et donc ce qu’on a beaucoup comme demandes dans les bilans de compétences, c’est des demandes de l’ordre de retrouver le sens de son travail, retrouver le sens de ses valeurs. Les valeurs qui ont été celle d’un travailleur il y a 15 ou 20 ans ou 30 ans dans le cadre du secteur non-marchand ne sont peut-être plus les mêmes que celles qu’on lui demande aujourd’hui dans le cadre d’un, d’un, d’un secteur où la notion de rentabilité, la notion de qualité, d’évaluation de la qualité, de charges psychosociales augmentées sont autant d’aspects et d’éléments auxquelles ils doivent faire face aujourd’hui.

Aurélie Rosenberg : Ça doit encore évoluer, peut-être, au niveau du positionnement peut-être des employeurs qui, je pense, alors c’est encore le cas en France, on a encore des employeurs en France qui se disent : « Voilà, mon travailleur, mon salarié veut réaliser un bilan de compétences, il veut voilà forcément quitter la structure, l’établissement. » Mais je pense quand même que dans les services de ressources humaines, le bilan de compétences c’est aussi un outil qui peut permettre de répondre à une problématique rencontrée avec un travailleur.

Laura Salamanca : Toute personne, un parcours de vie professionnelle en plein milieu de sa carrière professionnelle a le droit de se poser des questions de : « Qui je suis ? » « Où je vais ? » « Quelle est ma valeur professionnelle ? » « Quelles sont les compétences que j’ai ? » pour continuer ma deuxième partie de carrière professionnelle. Et donc c’est un droit et en même temps, ça serait intéressant que ça soit un devoir puisque ça permet vraiment de faire un arrêt dans sa vie professionnelle, de se remotiver, de trouver un nouveau sens à son parcours professionnel et de rebondir par rapport à l’avenir.